sábado, 16 de febrero de 2013

Roméo et Juliette


Pour le 25ème anniversaire de l'Ecole que nous célébrerons début mars, nous préparons une pièce de théâtre en différentes langues. Voici les scènes que nous lirons en français. 

Venez nombreux le 6/3 à 20h00 au "Salón de Actos" !!!


Roméo et Juliette

Par William Shakespeare


ACTE II, SCENE IV (Mercutio, Benvolio, la nourrice, Pedro et Roméo)
Une rue. Entrent Benvolio et Mercutio.


MERCUTIO. - Où diable ce Roméo peut-il être ? Est-ce qu'il n'est pas rentré cette nuit ?
BENVOLIO. - Non, pas chez son père ; j'ai parlé à son valet.
MERCUTIO. - Ah ! cette pâle fille au cœur de pierre, cette Rosaline, le tourmente tant qu'à coup sûr il en deviendra fou.
BENVOLIO. - Tybalt, le parent du vieux Capulet, lui a envoyé une lettre chez son père.
MERCUTIO. - Un cartel, sur mon âme !
BENVOLIO. - Roméo répondra.
MERCUTIO. - Tout homme qui sait écrire peut répondre à une lettre. .
BENVOLIO. - C'est à l'auteur de la lettre qu'il répondra : provocation pour provocation.
MERCUTIO. - Hélas ! pauvre Roméo ! il est déjà mort : poignardé par l'œil noir d'une blanche donzelle, frappé à l'oreille par un chant d'amour atteint au beau milieu du cœur par la flèche de l'aveugle archerot... Est-ce là un homme en état de tenir tête à Tybalt ?
BENVOLIO. - Eh ! qu'est-ce donc que ce Tybalt ?
MERCUTIO. - Plutôt le prince des tigres que des chats, je puis vous le dire. Oh ! il est le courageux capitaine du point d'honneur Il se bat comme vous modulez un air observe les temps, la mesure et les règles, allonge piano, une, deux, trois, et vous touche en pleine poitrine. C'est un pourfendeur de boutons de soie, un duelliste, un duelliste, un gentilhomme de première salle, qui ferraille pour la première cause venue.
(Il se met en garde et se fend. ) Oh ! la botte immortelle ! la riposte en tierce ! touché !
BENVOLIO. - Quoi donc ?
MERCUTIO, se relevant. - Au diable ces merveilleux grotesques avec leur zézaiement, et leur affectation, et leur nouvel accent ! (Changeant de voix.) Jésus ! la bonne lame ! le bel homme ! l'excellente putain ! Ah ! mon grand-père, n'est-ce pas chose lamentable que nous soyons ainsi harcelés par ces moustiques étrangers, par ces colporteurs de modes qui nous poursuivent de leurs pardonnez-moi, et qui, tant ils sont rigides sur leurs nouvelles formes, ne sauraient plus s'asseoir à l'aise sur nos vieux escabeaux ? Peste soit de leurs bonjours et de leurs bonsoirs.
Entre Roméo, rêveur
BENVOLIO. - Voici Roméo !
Voici Roméo !
MERCUTIO. - N'ayant plus que les os ! sec comme un hareng saur ! Oh ! pauvre chair quel triste maigre tu fais !... Voyons, donne-nous un peu de cette poésie dont débordait Pétrarque : comparée à ta dame, Laure n'était qu'une fille de cuisine, bien que son chantre sût mieux rimer que toi ; Didon, une dondon ; Cléopâtre, une gipsy ; Hélène, une catin ; Héro, une gourgandine ; Thisbé, un œil d'azur, mais sans éclat ! Signor Roméo, bonjour ! À votre culotte française le salut français !... Vous nous avez joués d'une manière charmante hier soir.
ROMÉO. - Salut à tous deux !... que voulez-vous dire ?
MERCUTIO. - Eh ! vous ne comprenez pas ? vous avez fait une fugue, une si belle fugue !
ROMÉO. - Pardon, mon cher Mercutio, j'avais une affaire urgente ; et, dans un cas comme le mien, il est permis à un homme de brusquer la politesse.
MERCUTIO. - Autant dire que, dans un cas comme le vôtre, un homme est forcé de fléchir le jarret pour...
ROMÉO. - Pour tirer sa révérence.
MERCUTIO. - Merci. Tu as touché juste.
ROMÉO. - C'est l'explication la plus bienséante.
MERCUTIO. - Sache que je suis la rose de la bienséance.
ROMÉO. - Fais-la-moi sentir.
MERCUTIO. - La rose même !
ROMÉO, montrant sa chaussure couverte de rubans. - Mon escarpin t'en offre la rosette !
MERCUTIO. - Bien dit. Prolonge cette plaisanterie jusqu'à ce que ton escarpin soit éculé : quand il n'aura plus de talon, tu pourras du moins appuyer sur la pointe.
ROMÉO. - Plaisanterie de va-nu-pieds !
MERCUTIO. - Au secours, bon Benvolio ! mes esprits se dérobent.
ROMÉO. - Donne-leur du fouet et de l'éperon ; sinon, je crie :
victoire !
MERCUTIO. - Si c'est à la course des oies que tu me défies, je me récuse : il y a de l'oie dans un seul de tes esprits plus que dans tous les miens... M'auriez-vous pris pour une oie ?
ROMÉO. - Je ne t'ai jamais pris pour autre chose.
MERCUTIO. - Je vais te mordre l'oreille pour cette plaisanterie-là.
ROMÉO. - Non. Bonne oie ne mord pas.
MERCUTIO. - Ton esprit est comme une pomme aigre : il est à la sauce piquante.
ROMÉO. - N'est-ce pas ce qu'il faut pour accommoder l'oie grasse ?
MERCUTIO. - Esprit de chevreau ! cela prête à volonté : avec un pouce d'ampleur on en fait long comme une verge.
ROMÉO. - Je n'ai qu'à prêter l'ampleur à l'oie en question, cela suffit ; te voilà déclaré... grosse oie. (Ils éclatent de rire.)
MERCUTIO. - Eh bien, ne vaut-il pas mieux rire ainsi que de geindre par amour ? Te voilà sociable à présent, te voilà redevenu Roméo ; te voilà ce que tu dois être, de par l'art et de par la nature. Crois-moi, cet amour grognon n'est qu'un grand nigaud qui s'en va, tirant la langue, et cherchant un trou où fourrer sa... marotte.
BENVOLIO. - Arrête-toi là, arrête-toi là.
MERCUTIO. - Tu veux donc que j'arrête mon histoire à contre-poil ?
BENVOLIO. - Je craignais qu'elle ne fût trop longue.
MERCUTIO. - Oh ! tu te trompes : elle allait être fort courte, car je suis à bout et je n'ai pas l'intention d'occuper la place plus longtemps.
ROMÉO. - Voilà qui est parfait.
Entrent la nourrice et Pierre. 
MERCUTIO. - Une voile ! une voile ! une voile !
BENVOLIO. - Deux voiles ! deux voiles ! une culotte et un jupon.
LA NOURRICE. - Pierre !
PIERRE. - Voilà !
LA NOURRICE. - Mon éventail, Pierre.
MERCUTIO. - Donne-le-lui, bon Pierre, qu'elle cache son visage, son éventail est moins laid.
LA NOURRICE. - Dieu vous donne le bonjour, mes gentilshommes !
MERCUTIO. - Dieu vous donne le bonsoir ma gentille femme !
LA NOURRICE. - C'est donc déjà le soir ?
MERCUTIO. - Oui, déjà, je puis vous le dire, car l'index libertin du cadran est en érection sur midi.
LA NOURRICE. - Diantre de vous ! quel homme êtes-vous donc ?
ROMÉO. - Un mortel, gentille femme, que Dieu créa pour se faire injure à lui-même.
LA NOURRICE. - Bien répondu, sur ma parole ! Pour se faire injure à lui-même, a-t-il dit... Messieurs, quelqu'un de vous saurait-il m'indiquer où je puis trouver le jeune Roméo ?
ROMÉO. - Je puis vous l'indiquer : pourtant le jeune Roméo, quand vous l'aurez trouvé, sera plus vieux qu'au moment où vous vous êtes mise à le chercher Je suis le plus jeune de ce nom-là, à défaut d'un pire. 
LA NOURRICE. - Fort bien !
MERCUTIO. - C'est le pire qu'elle trouve fort bien ! bonne remarque, ma foi, fort sensée, fort sensée.
LA NOURRICE, à Roméo. - Si vous êtes Roméo, monsieur, je désire vous faire une courte confidence.
BENVOLIO. - Elle va le convier à quelque souper.
MERCUTIO. - Une maquerelle ! une maquerelle ! une maquerelle ! Taïaut !
ROMÉO, à Mercutio. - Quel gibier as-tu donc levé ?
MERCUTIO. - Ce n'est pas précisément un lièvre, mais une bête à poil, rance comme la venaison moisie d'un pâté de carême. (Il chante.)
Un vieux lièvre faisandé. Quoiqu'il ait le poil gris, est un fort bon plat de carême Mais un vieux lièvre faisandé. A trop longtemps duré, S'il est moisi avant d'être fini.
ROMÉO, venez-vous chez votre père ? Nous y allons dîner.
ROMÉO. - Je vous suis.
MERCUTIO, saluant la nourrice en chantant. - Adieu, antique dame, adieu, madame, adieu, madame. (Sortent Mercutio et Benvolio.) .
LA NOURRICE. - Oui, Morbleu, adieu ! Dites-moi donc quel est cet impudent fripier qui a débité tant de vilénies ?
ROMÉO. - C'est un gentilhomme, nourrice, qui aime à s'entendre parler, et qui en dit plus en une minute qu'il ne pourrait en écouter en un mois.
LA NOURRICE. - S'il s'avise de rien dire contre moi, je le mettrai à la raison, fût-il vigoureux comme vingt freluquets de son espèce ; et si je ne le puis moi-même, j'en trouverai qui y parviendront. Le polisson ! le malotru ! Je ne suis pas une de ses drôlesses ; je ne suis pas une de ses femelles ! (À Pierre.) Et toi aussi, il faut que tu restes coi, et que tu permettes au premier croquant venu d'user de moi à sa guise !
PIERRE. - Je n'ai vu personne user de vous à sa guise (Si je l'avais vu, ma lame aurait bien vite été dehors, je vous le garantis. Je suis aussi prompt qu'un autre à dégainer quand je vois occasion pour une bonne querelle, et que la loi est de mon côté.
LA NOURRICE. - Vive Dieu ! je suis si vexée que j'en tremble de tous mes membres !... Le polisson ! le malotru !... De grâce, monsieur un mot ! Comme je vous l'ai dit, ma jeune maîtresse m'a chargée d'aller à votre recherche... Ce qu'elle m'a chargée de vous dire, je le garde pour moi... Mais d'abord laissez-moi vous déclarer que, si vous aviez l'intention, comme on dit, de la mener au paradis des fous, ce serait une façon d'agir très grossière, comme on dit : car la demoiselle est si jeune ! Si donc il vous arrivait de jouer double jeu avec elle, ce serait un vilain trait à faire à une demoiselle, et un procédé très mesquin.
ROMÉO. - Nourrice, recommande-moi à ta dame et maîtresse. Je te jure...
LA NOURRICE. - L'excellent cœur ! Oui, ma foi, je le lui dirai.
Seigneur ! Seigneur ! Elle va être bien joyeuse.
ROMÉO. - Que lui diras-tu, nourrice ? Tu ne m'écoutes pas.
LA NOURRICE. - Je lui dirai, monsieur, que vous jurez, ce qui, à mon avis, est une action toute gentilhommière.
ROMÉO. - Dis-lui de trouver quelque moyen d'aller à confesse cette après-midi ; c'est dans la cellule de frère Laurence qu'elle sera confessée et mariée. Voici pour ta peine. (Il lui offre sa bourse. ) 
LA NOURRICE. - Non vraiment, monsieur, pas un denier !
ROMÉO. - Allons ! il le faut, te dis-je.
LA NOURRICE, prenant la bourse. - Cette après-midi, monsieur ? Bon, elle sera là.
ROMÉO. - Et toi, bonne nourrice, tu attendras derrière le mur de l'abbaye. Avant une heure, mon valet ira te rejoindre et t'apportera une échelle de corde : ce sont les haubans par lesquels je dois, dans le mystère de la nuit, monter au hunier de mon bonheur Adieu !... Recommande-moi à ta maîtresse.
LA NOURRICE. - Sur ce, que le Dieu du ciel te bénisse ! Écoutez, monsieur Roméo. - Qu'as-tu à me dire, ma chère nourrice ?
LA NOURRICE. - Votre valet est-il discret ? Vous connaissez sans doute le proverbe : Deux personnes, hormis une, peuvent garder un secret.
ROMÉO. - Rassure-toi : mon valet est éprouvé comme l'acier.
LA NOURRICE. - Bien, monsieur : ma maîtresse est bien la plus charmante dame... Seigneur ! Seigneur !... Quand elle n'était encore qu'un petit être babillard !... Oh ! il y a en ville un grand seigneur, un certain Pâris, qui voudrait bien tâter du morceau ; mais elle, la bonne âme, elle aimerait autant voir un crapaud, un vrai crapaud, que de le voir, lui. Je la fâche quelquefois quand je lui dis que Pâris est l'homme qui lui convient le mieux : ah ! je vous le garantis, quand je dis ça, elle devient aussi pâle que n'importe quel linge au monde...
Romarin et Roméo commencent tous deux par la même lettre, n'est-ce pas ?
ROMÉO. - Oui, nourrice. L'un et l'autre commencent par un R. Après ?
LA NOURRICE. - Ah ! vous dites ça d'un air moqueur. Un R, c'est bon pour le nom d'un chien, puisque c'est un grognement de chien... Je suis bien sûre que Roméo commence par une autre lettre... Allez, elle dit de si jolies sentences sur vous et sur le romarin, que cela vous ferait du bien de les entendre.
ROMÉO. - Recommande-moi à ta maîtresse. (Il sort.) 
LA NOURRICE. - Oui, mille fois !... Pierre !
PIERRE. - Voilà !
LA NOURRICE. - En avant, et lestement. (Ils sortent.)



ACTE V
SCENE PREMIERE (Roméo, Balthazar, l’apothicaire)
Mantoue. Une rue. Entre Roméo.

ROMÉO. - Si je peux me fier aux complimenteuses assurances du sommeil, mes rêves m'annoncent l'arrivée d’une joyeuse nouvelle. La pensée souveraine de mon cœur siège sereine sur son trône ; et, depuis ce matin, une allégresse singulière m'élève par-dessus terre par d’amusantes pensées. J'ai rêvé que ma dame arrivait et me trouvait mort (étrange rêve qui laisse à un mort la faculté de penser !), puis, qu'à force de baisers elle ranimait la vie sur mes lèvres, et que je renaissais, et que j'étais empereur. Mon dieu ! comme la possession de l'amour doit être douce, si son ombre est déjà si généreuse en joies ! (Entre Balthazar chaussé de bottes.)
ROMÉO. - Des nouvelles de Vérone !... Eh bien, Balthazar, est-ce que tu ne m'apportes pas de lettre du moine ? Comment va ma dame ? Mon père va-t-il bien ? Comment va madame Juliette ? Je te répète cette question-là ; car si ma Juliette est heureuse, il n'existe pas de malheur.
BALTHAZAR. - Elle est heureuse, il n'existe donc pas de malheur. Son corps repose dans le tombeau des Capulets, et son âme immortelle vit avec les anges. Je l'ai vu déposer dans le sépulcre de sa famille, et j'ai pris aussitôt la poste pour vous l'annoncer. Oh ! pardonnez-moi de vous apporter ces tristes nouvelles : je remplis l'office dont vous m'aviez chargé, monsieur.
ROMÉO. - Est-ce ainsi ? eh bien, astres, je vous défie !... (À Balthazar) Tu sais où je vis : procure-moi de l'encre et du papier, et loue des chevaux de poste : je pars d'ici ce soir.
BALTHAZAR. - Je vous en supplie, monsieur, ayez de la patience. Votre pâleur, votre air inquiétant annoncent une catastrophe.
ROMÉO. - Bah ! tu te trompes !... Laisse-moi et fais ce que je te dis : est-ce que tu n'as pas de lettre du moine pour moi ?
BALTHAZAR. - Non, mon bon seigneur.
ROMÉO. – Peu importe : va-t’en, et loue des chevaux ; je te rejoins tout de  suite. (Sort Balthazar) Oui, Juliette, je dormirai près de toi cette nuit. Cherchons le moyen... ô destruction ! comme tu t'offres vite à la pensée des hommes désespérés ! Je me souviens d'un apothicaire qui habite dans les environs ; récemment encore je le remarquais dans ses vieux vêtements, occupé, le sourcil froncé, à cueillir des plantes médicinales ; il avait l’air bien maigre ; la dure misère l'avait usé jusqu'aux os.
Dans sa pauvre boutique étaient accrochés une tortue, un alligator conservé et des peaux de poissons monstrueux ; sur ses planches en bois, une pauvre collection de boîtes vides, des pots en terre verts, des vessies et des graines pourries, des restes de cordelette et de vieux pains de roses étaient dispersés ça et là en exposition. Frappé par cette pénurie, je me dis à moi-même :
Si un homme avait besoin de poison, bien que la vente en soit punie de mort à Mantoue, voici un pauvre misérable qui lui en vendrait. Oh ! je pressentais alors mon besoin présent ; il faut que ce malheureux m'en vende... Si mes souvenirs sont bons, il doit habiter ici ; comme c'est férié aujourd'hui, la boutique du misérable est fermée... Ho ! l'apothicaire !
(Une porte s'ouvre. Paraît l'apothicaire. )
L'APOTHICAIRE. - Qui donc appelle si fort ?
ROMÉO. - Viens ici, l'ami... Je vois que tu es pauvre ; tiens, voici quarante ducats ; donne-moi une dose de poison ; mais il me faut une drogue énergique qui, à peine dispersée dans les veines de l'homme fatigué de vivre, le fasse tomber mort, et qui chasse du corps le souffle aussi violemment, aussi rapidement que la flamme renvoie la poudre des entrailles fatales du canon !
L'APOTHICAIRE. - J'ai de ces poisons meurtriers. Mais  dans la loi de Mantoue, c'est la mort pour qui les vend.
ROMÉO. - Quoi ! tu es dans cette pauvreté et dans cette misère, et tu as peur de mourir ! La famine se lit sur tes joues ; le besoin et la souffrance agonisent dans ton regard ; le dégoût et la misère pendent à tes épaules. Le monde n’est pas ton ami, ni la loi du monde ; le monde n'a pas fait sa loi pour t'enrichir ; viole-la donc, arrête d'être pauvre et prends ceci. (Il lui montre sa bourse.) 
L'APOTHICAIRE. - Ma pauvreté consent, mais non ma volonté.
ROMÉO. - Je paye ta pauvreté, et non ta volonté.
L'APOTHICAIRE. - Mettez ceci dans le liquide que vous voudrez, et avalez ; même en ayant la force de vingt hommes, vous serez expédié immédiatement.
ROMÉO, lui jetant sa bourse. - Voici ton or ; ce poison est plus funeste à l'âme des hommes, il commet plus de meurtres dans cet odieux monde que ces pauvres mixtures que tu n'as pas le droit de vendre. C'est moi qui te vends du poison ; tu ne m'en as pas vendu. Adieu, achète de quoi manger et grossit. (Servant le flacon que l'apothicaire lui a remis.) Ceci, du poison ? non ! Viens, l’ami, viens avec moi au tombeau de Juliette ; c'est là que tu dois me servir (Ils se séparent.)


ACTE V
SCENE II (Jean et Laurence)
La cellule de frère Laurence. Entre frère Jean.


JEAN. - Saint franciscain ! mon frère, holà !
LAURENCE. - Ce doit être la voix de frère Jean. De Mantoue sois le bienvenu. Que dit Roméo ?... A-t-il écrit ? Alors donne-moi sa lettre.
JEAN. - J'étais allé à la recherche d'un frère déchaussé de notre ordre, qui devait m'accompagner et je l'avais trouvé ici dans la cité en train de visiter les malades ; mais les inspecteurs de la ville, nous ayant rencontrés tous deux dans une maison qu'ils pressentaient infectée de la peste, en ont fermé les portes et n'ont pas voulu nous laisser sortir. C'est ainsi que mon départ pour Mantoue a été empêché.
LAURENCE. - QUI donc a porté ma lettre à Roméo ?
JEAN. - La voici. Je n'ai pas pu t'envoyer, ni me procurer un messager pour te la rapporter tant la contagion faisait peur à tout le monde.
LAURENCE. - Malheureux événement ! Par notre confrérie ce n'était pas une lettre insignifiante, c'était un message d'une haute importance, et ce retard peut produire de grands malheurs. Frère Jean, va me chercher un levier de fer, et apporte-le moi immédiatement dans ma cellule.
JEAN. - Frère, je vais te l'apporter (Il sort.)
 
LAURENCE. - Maintenant il faut que je me rende seul au tombeau ; dans trois heures la belle Juliette s'éveillera. Elle me détestera, parce que Roméo n'a pas été prévenu de ce qui est arrivé ; mais je vais réécrire à Mantoue, et je la garderai dans ma cellule jusqu'à la venue de Roméo. Pauvre cadavre vivant, enfermé dans le sépulcre d'un mort ! (Il sort.)



Explications sur le h aspiré


viernes, 7 de diciembre de 2012

Continuons avec un poème de Claude Vigée, poète français né en 1921.


Entrons dans le coeur de la matière avec un extrait (scène IX) de La Cantatrice chauve (1950) de Ionesco (1909-1994), dramaturge français d'origine roumaine, célèbre pour son théâtre de l'ABSURDE, auteur également de Rhinocéros (1959) et Le Roi se meurt (1962).











En attendant de vous présenter une version plus lisible...
SON et ECRITURE, les différentes manières d'écrire le même son en français, puis des règles basiques de prononciation et quelques syllabes pour s'entraîner.







Travaillons un peu la liaison : obligatoire, facultative ou interdite ???


Amusez-vous avec ces virelangues !